19 juillet 1873.
Le port et la « basse ville » de Toulon sont en ébullition. Un bagnard s’est échappé !
Journalistes venu·es des quatre coins de la France, vous êtes ici pour assister aux derniers jours du Bagne. Voué à la fermeture, il verra ses derniers condamnés déportés à Cayenne, en Guyane.
Partez sur les traces de François FOUACHE, le fugitif, et découvrez son passé !
Un soixantenaire bien portant est assis sur le bord de la fontaine. Un carnet à la main, il contemple avec attention le petit blason orné d’un trois mâts qui décore le linteau d’une porte, plein Est.
Vous apercevant, il vous interpelle :
« Je n’arrive toujours pas à trouver l’origine de cet emblème mais, foi de Docteur Lambert, je finirai par en percer le mystère ! »
Il se lève, passe la main dans sa délicate barbichette et s’approche de vous.
« J’adore cette fontaine, que je ne cesse d’admirer dès que je le puis. Elle n’a été déplacée ici que depuis quelques années, après qu’un arbre déraciné l’a malmenée dans son ancien logement. »
Il pointe du doigt à quelques mètres vers l’Ouest.
« Je trouve qu’elle est encore mieux ici, place du Vieux Palais. »
Il se retourne plein Sud pour faire face à l’imposante et luxueuse façade du palais en question.
« Deux prestigieuses familles toulonnaises demeurent ici. Les DELORT et les NOGUÈS. Les premiers ont fait fortune dans le commerce maritime en Méditerranée. Les seconds sont à la tête de grandes exploitations arboricoles dans le nord du département.
L’ironie du sort a fait que la vie d’homme libre de celui sur lequel vous enquêtez, François FOUACHE, a plus ou moins commencé et fini ici.
Augustine, sa mère, travaillait pour les DELORT, en tant que lingère et couturière. Une femme dure à la tâche, éprouvée par la mort de son aîné, Joseph, alors qu’il n’avait pas deux ans, puis celle de Maurice, son homme, charretier écrasé par un chargement de tonneaux.
François a passé une bonne partie de son enfance avec sa mère à apprendre les ficelles du métier de domestique. Il était gringalet mais plutôt doué. Et il devait être joli garçon car, de ce que j’ai cru comprendre – mais vous savez, on parle peu de ces choses-là chez ces gens-là ! – il s’entendait très bien avec Louise, la cadette de la famille DELORT.
Autant vous dire que ça n’a pas été du goût de Victor, le patriarche, qui a fait en sorte que le petit François embarque sur l’un de ses bateaux. La Caroline. Le pauvre. Il avait à peine 12 ans, était épais comme une alude. Il n’allait pas faire long feu…
Mais il faut croire que Marcel LARRIEU, le commandant de La Caroline, a su déceler ses vrais talents et l’a bien vite écarté des manœuvres de pont comme de cale auxquelles il n’aurait pas survécu. Il en a fait son domestique attitré.
Quand le petit François, devenu grand, a remis pied à terre, l’année de ses vingt ans, le Commandant LARRIEU lui a trouvé une place d’homme de maison chez les NOGUÈS. Voyez comme la vie est taquine…
Ce qui a pu se passer, depuis, est gardé secret derrière les portes du Palais. Mais je sens que vous brûlez d’envie de les pousser. Je ne saurais condamner votre curiosité : j’en suis moi-même la constante et consentante victime ! »
Le Docteur se replonge dans son carnet et ses pensées avant de vous apostropher une dernière fois :
« Je trouve le nom de cette place désormais trop pompeux et surtout trop Ancien Régime. Ne pensez-vous qu’elle mériterait plutôt de porter un nom plus illustre ? Le mien, par exemple ? »
Son sourire malicieux vous accompagne jusqu’à l’entrée du grand immeuble au Sud.
Fureter dans le Palais n’est pas bien difficile. Désormais découpé en plusieurs luxueux appartement, il est le théâtre d’un va-et-vient constant qui dissimule votre arrivée.
« Le bâtiment n’est calme que le vendredi soir », vous souffle la concierge. « Quand tout le personnel peut prendre congé avant un samedi et un dimanche bien occupés et que ces messieurs-dames sont de sortie. »
En farfouillant dans certains meubles sans vous faire remarquer, vous mettez la main sur différents documents.
Retrouvez ici le plan indiquant les différents lieux d’enquête.