Fugitif ! Place de la Poissonnerie


19 juillet 1873.

Le port et la « basse ville » de Toulon sont en ébullition. Un bagnard s’est échappé !

Journalistes venu·es des quatre coins de la France, vous êtes ici pour assister aux derniers jours du Bagne. Voué à la fermeture, il verra ses derniers condamnés déportés à Cayenne, en Guyane.

Partez sur les traces de François FOUACHE, le fugitif, et découvrez son passé !

La place de la Poissonnerie et ses halles aujourd’hui disparues.

En cette fin d’après-midi, la place de la Poissonnerie est très calme. La halle aux poissons qui s’y dresse ouvre à l’aube et se vide aux alentours de midi.
L’odeur, elle, persiste à toute heure et imprègne le sol, les murs, les arbres…

Le grincement d’une charrette à bras attire votre attention. Courbé sous le poids de son chargement de tissus, un vieux chiffonnier fait le tour des étals, à l’affût du moindre torchon oublié.

Noir de crasse et de suie de sa tête broussailleuse à ses pieds nus, il remarque avec un grand sourire édenté votre recul de dégoût. Son odeur n’a rien à envier à son allure.

« J’y peux rien ! J’vis dehors ! J’fais d’mon mieux, mais même l’eau de la fontaine embaume la poiscaille ! »

Il écarte les mains en guise d’excuses, révélant des paumes qui donnent un avant-goût de l’état de ses pieds…

« Dix ans que j’survis dans ce quartier grâce à ma vue perçante. Rien m’échappe ! Avec parfois des bonnes rencontres et parfois des mauvaises !

Les mauvaises, c’est quand les Gaspard plus gros que des gros chats vous disputent les ordures. C’est toujours eux qui gagnent !

Les bonnes, c’est quand vous croyez avoir trouvé un tas de vieux vêtements et qu’en fait il y a quelqu’un dedans. Quelqu’un qui va pas bien, « épanoui » comme on dit. Il gisait là, dans la ruelle qui remonte vers l’église. La cloche venait de sonner 20 heures. Il respirait pas bien. Il était fiévreux. Son paquet de tisane s’était tout éparpillé sur le sol.
J’ai eu beau le secouer comme un tas – et j’m’y connais, dans l’genre – m’a fallu du temps pour le réveiller !
J’l’ai ramené vers chez lui, sur la place en haut. L’a voulu monter l’escalier tout seul mais l’était pas vaillant !
J’sais pas s’il aurait survécu, sans moi. Mais j’pense pas qu’y s’en soit souvenu. Tant pis pour ma médaille ! »

Il part d’un rire entrecoupé d’une toux grasse à rendre l’âme et reprend sa charrette à pleines mains, pour continuer sa tournée.

Retrouvez ici le plan indiquant les différents lieux d’enquête.

Share